Des débats se font jour sur l’idée du modèle social européen : sous la diversité des modèles nationaux, quels sont à vos yeux les principaux piliers de ce modèle ?

J’en verrais trois. En premier lieu, l’intervention des pouvoirs publics dans le financement et la gestion du modèle social, avec notamment leur forte implication dans l’éducation et la formation. Ensuite, un dialogue social qui fait intervenir tous les acteurs. Enfin, la généralisation de la couverture des risques, vieillesse et maladie au premier chef.

Cela étant, s’il existe une vraie convergence dans les idées, les systèmes nationaux restent assez différents, et on peut comprendre la méfiance des pays avancés à l’égard d’une harmonisation. Mais la question ne se pose pas seulement en termes de moins-disant ou de mieux-disant, elle tient aussi à la pérennité des systèmes : certains, y compris parmi les plus généreux, ont besoin d’être assainis, comme cela a été fait en Espagne par exemple.

L’Europe se construit aussi dans l’action de ses citoyens, de ses salariés. Quelle est à vos yeux la contribution des cadres ?

Ce sont des salariés qui travaillent dans des conditions spéciales, et peuvent du fait de leur position dans l’organisation avoir une vision plus proche de celle de l’employeur. A mon sens, c’est un avantage, car en faisant le lien entre les deux points de vue (employeur, salariés) ils peuvent contribuer à l’élaboration de solutions acceptables pour tous, ou, mieux, profitables à tous.

Les cadres sont aussi confrontés à des problèmes spécifiques, qui demandent un traitement particulier mais peuvent aussi constituer une sorte de laboratoire pour les autres catégories de salariés. Un sujet comme la mobilité, par exemple, a d’abord concerné les cadres mais s’étend progressivement. Même si elles ne sont pas transposables