Voici déjà plus de deux décennies, un ouvrage d’Alfred Sauvy intitulé « La machine et le chômage » montrait que l’articulation entre emploi et progrès technologique n’était pas un mécanisme simple à démonter. Aujourd’hui, le bulldozer de la globalisation s’emploie à creuser les inégalitésurbi et orbi, au cœur de la cité et entre les nations, marginalisant les exclus de la société salariale et les pays les moins avancés de la communauté internationale. Dans ce mouvement à la fois global et local, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) non seulement contribuent à l’extension de la sphère productive en autorisant le développement de nouvelles activités mais également s’insinuent de façon ubiquitaire dans la trame des rapports marchands. Quelles sont les conséquences d’un tel mouvement sur l’emploi dans les pays du Sud ? Le Tiers-Monde part-il d’emblée comme technologiquement disqualifié dans la course à la délocalisation/ relocalisation des emplois qui s’engage à l’échelle planétaire ?

Telles sont les questions auxquelles l’ouvrage de Brahim Lahouel tente de répondre de façon synthétique. L’auteur, dans une première partie, fournit quelques repères au lecteur concernant l’insertion des NTIC dans une économie mondialisée : poids économique du secteur, contexte réglementaire, concepts, opérateurs et tendances. Dans un deuxième chapitre, l’ouvrage examine l’impact des NTIC sur la division du travail au sein de l’entreprise mais également sur la structure de l’emploi dans les télécommunications et plus globalement dans le secteur des services. La troisième partie est consacrée à un examen des facteurs techniques et politiques entravant le développement du secteur des télécommunications dans les pays en développement. Enfin, le dernier chapitre brosse un portrait actualisé des télécommunications en Afrique : niveau d’équipement, investissement, initiatives et projets.

Cette monographie du Groupe de Recherche pour une Stratégie Economique Alternative, réalisée avec le soutien de la Direction générale du Développement de la Commission européenne, conclut sur un constat pessimiste, celui de l’accroissement des inégalités, et une note optimiste, celle de la déclaration de New Delhi sur la démocratisation de la communication audiovisuelle qui, bien que figurant en annexe, a le mérite de rappeler qu’il n’y a aucune fatalité dans le processus de sous-développement informationnel du Sud.