Dans un article du numéro deux de la Revue économique et sociale1, les auteurs définissent les tiers-lieux comme des « points d’ancrage de la vie communautaire qui favorisent des échanges plus larges et plus créatifs au niveau local et permettent ainsi d’entretenir la sociabilité urbaine ». Par opposition aux premiers-lieux, la maison, et aux seconds-lieux, les lieux de travail « où les individus passent le plus clair de leur temps ».

Les auteurs reprennent la définition de tiers-lieu introduite en 1989 par le sociologue américain Ray Oldenbourg2 : un lieu où l’on prend plaisir à se rassembler, où l’on tient des conversations, où l’on échange. Une sorte d’agora, publique ou privée. Ou un lavoir, ou un café du commerce. Pour Oldenburg, la fonction sociale de ces lieux est primordiale et commune à toutes les cultures3.

Cette approche théorique des tiers-lieux soulève quelques questions pragmatiques : correspond-elle aux lieux existants aujourd’hui et aux besoins professionnels des utilisateurs ? Répond-elle aux attentes des entreprises et des administrations ? Ou bien est-elle réservée à quelques travailleurs indépendants des métiers de la communication et de l’Internet ? Entre-t-elle en compétition avec la vision traditionnelle, très segmentée, de l’organisation des lieux de travail (un lieu pour une fonction) où préfigure-t-elle une demande de fond de la société ?

Pour tenter de comprendre le phénomène, il est utile de catégoriser, d’établir une typologie de ces lieux tiers où l’on peut travailler. Jusque-là, pour des raisons historiques de productivité, les lieux de travail étaient majoritairement le bureau, l’atelier ou l’usine. Il était plus simple de faire déplacer les travailleur