Le portage, selon Marie-Laure Morin, est un exemple typique d’un état de fait nouveau, l’externalisation des tâches, qui conduit des sociétés et entreprises comme les nôtres à mettre sur pied des montages contractuels discutables, ayant entre autres conséquences, au plan du risque, de transférer celui-ci sur le salarié. Sont ainsi transférés sur l’individu non seulement le risque économique et le risque de l’emploi (car le contrat de travail est par nature limité à une prestation déterminée) mais aussi le risque social (statut collectif). Même le risque sécurité en cas d’accident ou de sinistre peut être attribué à l’individu et non plus à l’employeur externalisant. Ces différents risques n’étant plus « filtrés » par l’entreprise employeur « intermédiaire », les « montages » opérés évoqueraient plus des contrats de louage d’ouvrage montés dans l’intérêt des entreprises et au détriment des salariés qu’à des contrats de travail avec relation d’emploi durable.

Historiquement, le portage a commencé à partir de l’associatif (groupes de cadres au chômage, associations d’anciens élèves de grandes écoles…) et les acteurs étaient plus préoccupés par le souci de « sortir les gens d’affaire » que par celui de lire les articles du Code du travail. Le plus souvent, ils ne savaient même pas que cette activité pouvait les mettre en contravention avec les dispositions de ce Code. Nombre de ces initiatives apparaissaient en effet plus comme des intermédiaires que comme de véritables employeurs. Faute de conventions et d’accords appropriés, il existe encore un certain nombre de sociétés de portage salarial (du moins s’annonçant comme telles car l’expression Portage Salarial est protégée) qui pratiquent le portage de manière illégale ou condamnable, alors que le dispositif a évolué avec le temps et qu’aujourd’hui les sociétés de portage ont parfaitement intégré les dispositions et oblig