Avant les années 1970, la question sanitaire et politique de l’amiante n’existe pas. Comment émerge-t-elle ?

Elle émerge en quelque sorte par hasard, quand des chercheurs installés dans les murs flambant neufs de l’université de Paris VI, avertis des dangers des poussières d’amiante, se rendent compte que les locaux dans lesquels ils travaillent ont été isolés par flocage. Le comité Jussieu qui se constitue dans la foulée va permettre de constituer une expertise syndicale et scientifique à la fois, qui va se diffuser d’un monde à l’autre, de ceux qui, informés, allaient travailler dans ces locaux à ceux qui, dans l’ignorance du danger qu’ils courraient, faisaient les trois huit dans des usines de transformation de l’amiante ou encore travaillaient dans le bâtiment à des opérations de flocage.

Le comité Jussieu réunit ainsi des membres du SGEN et de la Fédération unifiée de la chimie (FUC, devenue depuis sa fusion avec la fédération de l’énergie la FCE), et très vite d’autres fédérations vont s’emparer du sujet.

A la FUC est créé un groupe de travail, le GPTox (groupe produits toxiques), qui s’intéresse également au chlorure de vinyle. Ce groupe va mener une activité intense, en direction des militants et des salariés d’une part, avec la publication de brochures de vulgarisation (dès 1976), et des pouvoirs publics d’autre part, avec une opération de sensibilisation qui passe notamment par la presse.

L’une des clés du succès, sur cette question particulière, semble résider dans le mano a mano de la CFDT et de la CGT.

C’est vrai que les deux confédérations travaillent main dans la main sur cette question, et que cela n’a sans doute pas été inutile vu la forme de l’action. Au-delà de la sensibilisation, en effet, nous nous tournons vers les pouvoirs publics, avec l’idée que s’il est essentie