Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Génération précaire ?

Génération précaire est né en août 2005 à la suite d’une réaction épidermique individuelle. Une jeune femme avait alors décidé de faire une grève des stages. Grâce à Internet, cette histoire s’est diffusée très rapidement. Or, il se trouve qu’à cette époque, j’avais déjà travaillé sur la question des stages dans le cadre d’un stage chez Alternatives Economiques. C’était un sujet qui était encore assez tabou : personne n’en parlait, ni les partis politiques, ni les syndicats. L’expérience de cette jeune femme stagiaire, la façon de faire connaître ses problèmes, tout cela m’a vraiment intéressé.

Pour briser le silence autour de la question des stages, nous nous sommes emparés de la question en organisant des événements très médiatisés, des manifestations éclair (« flash mob »), à un rythme soutenu puisque nous avons organisé deux « flash mob » par semaine pendant trois mois.

Très vite, les médias nous ont suivis. Je me souviens par exemple que nous sommes allés dans les bureaux de la direction des ressources humaines d’Hachette pour confronter les données de la direction et celles des stagiaires : les premiers assurant qu’il n’y avait que 30 à 40 stagiaires dans leur entreprise, les seconds affirmant qu’il s’agissait en réalité de 40% des effectifs de cette maison d’édition. Comme nous étions accompagnés de journalistes, cette manifestation éclair a eu beaucoup d’écho.

Nous avons aussi organisé à cette époque des grèves de stagiaires, fictives bien sûr, puisque les stagiaires n’ont pas le droit de faire grève. Là aussi ces actions ont été très médiatisées.Tout est allé ensuite très vite. Dès novembre 2005, en trois semaines, nous avions rencontré tous les partenaires sociaux