La transcription de la loi Travail1 est de notre point de vue essentielle. Place désormais à son application et donc à sa négociation dans les branches et dans les entreprises. Dans ce texte, nous soutenons que les tentatives actuelles de modernisation du dialogue social en France sont entravées par un double mécanisme de méconnaissance et de défaut de conception.

En premier, nous manquons d’études nuancées des attributs des organisations, des conditions et des activités du travail. Plus grave, on ajoutera que même lorsque l’on dispose de recherches convaincantes, elles peuvent être marginalisées ou ignorées tant par les chefs d’entreprise, les syndicalistes et les représentants élus. En second, les relations paritaires achoppent sur des conceptions inadéquates du travail. Plus précisément, toute avancée de la démocratie post-industrielle suppose de distinguer (1) ce que l’organisation et ses membres actuellement font (connaissance compréhensive), (2) ce que l’organisation et ses membres actuellement pourraient faire (connaissance prédictive), (3) ce que l’organisation et ses membres devraient faire (connaissance prescriptive), (4) comment réduire l’écart entre ce qui est souhaité et ce qui est présentement fait (connaissance intégrative). Si l’on définit la négociation comme le processus par lequel des parties argumentent, controversent, pour des compromis révisables, cela suppose raisonnablement que les uns et les autres fassent l’effort de rafraîchir leurs images, leurs représentations, des réalités de l’organisation et des activités, pour qu’en échange l’effort demandé soit équilibré et récompensé.

Cette laborieuse démonstration de paritarisme à la française est un révélateur quasi chimique des typicités et des mouvements sociaux de l’histoire nationale (point 1). Toutefois, il ne parvient pas à éclipser la dimension centrale de