Dunkerque est l'un de ces combinats industriels associant sidérurgie, métallurgie, chimie, pétrochimie et construction navale auxquels s'est adossé le développement économique de la France d'après-guerre. La stagnation économique consécutive à la crise des années soixante-dix a contraint les hommes à abandonner le rythme des chaînes de montage et des coulées continues pour s'adapter aux exigences de la mondialisation. Pour ces pôles portuaires, la désindustrialisation est-elle synonyme de déclin ou de métamorphose ?

Certains de ces pôles portuaires ont décliné comme Fos-sur-Mer, d'autres ont réussi leur reconversion comme Rotterdam ou Anvers. Dunkerque cherche encore sa voie. Les clichés dunkerquois présentés dans cet ouvrage fixent un portrait de la désindustrialisation. De ce regard porté sur les façades de briques rouges, sur les cheminées d'usine et les pylônes de plein ciel, sur les grues immobiles et les péniches à quai, sur les éoliennes et les dunes sensuelles émergent trois séries de clichés : vestiges industriels du XIXème siècle, chantiers sous perfusion et friches des Trente Glorieuses, mais aussi émergence des énergies nouvelles et des services.

Comment la dynamique industrielle façonne-t-elle les destins individuels et collectifs ? Les auteurs, répondent en commentant les clichés photographiques par d'autres instantanées empruntés aux poètes des ports, de la mer et des Flandres, mais aussi en expliquant comment, à l'instar de François Perroux, spécialiste du développement économique «les industries motrices exercent sur leur milieu des effets d'entraînement ou des effets de stoppage».