Les deux pôles du management

Le premier pôle, représenté notamment dans les grandes entreprises industrielles à l’ancienne, est la direction technocratique dans laquelle le hiérarchique exerce un contrôle intensif sur chaque membre de l’équipe. L’activité est prescrite, le chef sait et le personnel exécute. Il est principalement demandé au personnel d’appliquer les consignes, d’écouter le chef en s’efforçant de ne pas se tromper. Le chef détient sa légitimité de son grade, il n’a pas à démontrer son savoir, il sait parce qu’il est le chef. Il doit d’ailleurs veiller à protéger en permanence son statut. Le personnel rattaché est jugé à un niveau et un statut inférieur et doit rester à sa place. Les conflits sont étouffés, c’est le règne du « rien à signaler ». Les salariés ne sont pas des personnes, mais des exécutants. Il n’est pas question de gérer leur parcours professionnel, mais d’administrer leurs activités.

Souvent associée à un discours de modernisation, à l’autre extrémité du curseur se trouve la gestion de pôles d’excellence, dans laquelle le hiérarchique le plus performant est proche de l’entraîneur d’une équipe gagnante, sportive et de haut niveau. Le chef n’est pas le plus compétent, sa principale responsabilité réside dans le souci permanent d’amener chacun des membres du collectif au plus haut niveau de performance en lui garantissant la meilleure carrière. Ce qui compte, c’est avant tout la performance collective : c’est l’équipe qui gagne. Le responsable doit être reconnu par son équipe dont chaque élément est valorisé.

Ces deux façons de gérer le collectif sont-elles caricaturales ? On peut se permettre d’en douter. Les nombreuses dénominations de l’activité hiérarchique sont à cet égard très parlantes. Si nous retenons quelques appellations telles que « commander une troupe », « diriger un service », « p