De récentes études ont montré l’impact de l’organisation du travail, ou plutôt de ses dysfonctionnements, sur l’absentéisme. L’institut Sapiens en a pointé les coûts cachés, préconisant de réformer en profondeur pratiques managériales. Une étude de Malakoff-Médéric a montré que, pour près de 40% des salariés enquêtés, les arrêts-maladie sont liés au contexte professionnel et que près d’un quart des salariés qui se sont vu prescrire un arrêt de travail ne l’ont pas pris ou l’ont pris partiellement pour des raisons professionnelles. Nous proposons ici de regarder d’un peu plus près un phénomène voisin, plus récent et moins visible, mais qui semble lié également à ces désordres de l’organisation du travail : le présentéisme au travail. Et bien que le coût social en soit plus difficilement mesurable, il n’en semble pas moins important en termes de santé publique. Nous ne parlerons que du présentéisme lié à la maladie, bien que d’autres formes de présentéisme, comme les longues journées ou semaines de travail ou les heures supplémentaires, existent et n’en sont pas moins importantes. La définition que nous retenons est celle fournie par Johns en 2010, et qui requiert concomitance de maladie et présence sur le travail, à savoir : « le comportement du travailleur, qui malgré des problèmes de santé physique et/ou psychologique nécessitant de s’absenter, se présente au travail ».

S’il est difficile de chiffrer le coût du présentéisme, ce comportement apparaît dans la littérature récente comme contre-productif, et de manière assez attendue comme nuisible au bien-être, et ce, au niveau individuel, collectif comme sociétal. Ainsi plusieurs études médicales (Schultz et Edington, 2007 ; Pauly et al., 2008) montrent que le présentéisme induit des pertes élevées en termes de rendement individuel : on est moins productif quand on est malade, du fait de la fatigue, voire de la douleur, induites, sur