Le Brésil présente la caractéristique rare de posséder à la fois une structure corporative des relations sociales et un pluralisme syndical. L'anachronisme du vieux système superposé à la nouvelle réalité d'organisations syndicales libres et démocratiques est une spécificité de la situation brésilienne. Pour cette raison, aujourd'hui encore en 1998, le Brésil n'a toujours pas ratifié la convention n° 87 de l'OIT reconnaissant la liberté syndicale.

Un rappel historique, dû à Ericsson Crivelli, avocat, permet de mieux comprendre les choses.

Au début du siècle, l’Etat n’intervient pas dans le champ des relations sociales et il n’existe aucune réglementation des rapports de travail, qu’ils soient individuels ou collectifs. Les salariés ne sont pas protégés, les syndicats n’ont pas d’existence légale. Une grève générale de près de trente jours affecte São Paulo en 1917, des négociations auront lieu avec la participation du Gouvernement de l’Etat. A partir des années vingt, les travailleurs urbains, qui ne représentent alors que dix pour cent de la population active (quatre-vingt dix pour cent de la main d’œuvre se trouvant à la campagne), créent des syndicats de plus en plus nombreux, les conflits du travail se multiplient et les premières lois de protection de la classe ouvrière, très rudimentaires, sont votées par le Parlement fédéral.

La « grande crise » et la politique autoritaire

La « question sociale » se situe dans le contexte de la crise générale des années trente. La crise est aussi politique, les oligarchies régionales qui gouvernaient le pays se disputant le pouvoir et la classe moyenne émergente commençant à réclamer sa place. L’Etat libéral est mis en cause, les idées autoritaires paraissent à certains susceptibles d’apporter des remèdes à la crise