C’est oublier que toutes les élites ne bénéficient pas des mêmes avantages : un conseiller d’État ou un professeur au Collège de France gagne au maximum cinq fois le SMIC, sept ou huit fois avec les primes. Rien de commun avec le directeur général de l’Oréal qui a gagné, sans compter le rendement considérable de ses stocks options, plus de 250 fois le SMIC en 2007, soit 20 ans de salaire d’un smicard par mois.

Les vedettes du cinéma ou de la chanson ne peuvent guère être comparées à des managers : ils sont plutôt assimilables à des entrepreneurs individuels qui engrangent des bénéfices en fonction des ventes de leur production. Les vedettes du sport sont, en tant que salariés exclusifs d’un club, dans une situation plus proche des managers. Mais c’est aussi à la seule loi de l’offre et de la demande qu’elles doivent leurs rémunérations considérables : plus leur valeur sportive, objectivement mesurable, s’accroît, plus elles sont en situation d’obtenir des augmentations. Si leur club n’est pas en mesure de suivre, elles ont la possibilité de faire monter les enchères sur le marché des transferts et de signer un contrat plus rémunérateur dans un autre. C’est ainsi que les meilleurs joueurs de football français sont partis depuis les années 1990 en Angleterre, en Italie ou en Espagne, les clubs nationaux ne pouvant pas suivre.

On dit souvent que les rémunérations très élevées seraient, comme pour les sportifs, une nécessité pour que les entreprises françaises conservent leurs meilleurs dirigeants.

Or peut-on repérer un phénomène semblable de fuite des talents ? Il ne se trouve pas ces dernières années d’exemple d’un PDG d’une entreprise du CAC 40 qui aurait été débauché par une entreprise étrangère. On peut bien sûr estimer que le niveau des salaires en France a prévenu ce risque de fuites, mais il est curieux que les enchèr