L’Union confédérale des ingénieurs et cadres est née en novembre 1967. Moins de six mois plus tard commençaient les événements de Mai 68, qui apparaissent aujourd’hui comme un électrochoc marquant l’entrée de la France dans le monde d’aujourd’hui.

Une profonde remise en cause de l’autorité, une exigence nouvelle de démocratie, mais aussi de nouvelles identités sociales, irréductibles à l’idée de « classe », tout cela signe l’entrée dans une société postindustrielle qui brouille les repères et bouleverse les représentations.

Cela vaut aussi bien dans l’ordre de la famille que dans la société dans son ensemble, et en particulier pour le monde du travail. Les cadres, catégorie phare des Trente Glorieuses, ne sont pas épargnés par ces remises en cause ; on pourrait même dire qu’ils sont au cœur de cette révolution.

Ils la subissent d’abord de plein fouet, à travers la remise en cause des hiérarchies qu’ils incarnaient. Mais ils vont être amenés une ou deux décennies plus tard à s’en faire les porte-drapeaux.

On peut définir le monde contemporain comme celui du mouvement et de la remise en question permanente : les statuts, les acquis, les identités, les couples et les carrières sont aujourd’hui bien plus fragiles qu’il y a quarante ans. Mai 68 a pu apparaître à l’époque comme une de ces révolutions dont l’histoire de France montre tant d’exemples : une accélération de l’histoire, suivie d’un retour au calme ; le passage, en somme, d’un état stable à un autre. Mais on sait aujourd’hui que l’instabilité est devenue la définition même du monde où nous vivons. Mai 68, cette révolution manquée, nous fait entrer dans un monde de réinvention permanente.

Dans les entreprises et les administrations, on a même vu apparaître une culture que certains commentateurs ont comparée, non sans ironie, à ce vieux