Les chiffres sont éloquents : 8% de nos adhérents ont moins de 30 ans, 64% ont entre 30 et 50 ans, 28% ont plus de cinquante ans.

Les paradoxes de la désyndicalisation

On peut y lire, bien sûr, une métamorphose des structures du salariat, qui induirait celles du militantisme : il est plus simple d’être syndiqué quand on a un CDI, et que l’on ne passe pas de contrats d’intérim en CDD. Les populations les plus fragiles, celles mêmes qui auraient vocation à unir leurs forces pour mieux se défendre, vivent aujourd’hui des débuts de parcours pour le moins chaotiques, avec des interruptions fréquentes et un statut incertain.

Le terme de précarité est sans doute simplificateur, notamment chez les cadres, car il existe aussi dans cette génération une aspiration au changement, sans parler des logiques de promotion qui font de la mobilité externe un indéniable accélérateur, tant en ce qui concerne les salaires que les postes. Mais il faut se rendre à l’évidence : la valorisation par une certaine presse du changement fréquent d’entreprise ne doit pas faire oublier les vraies galères vécues par ceux qui ne sont pas rentrés dès le début dans la course au succès.

Si les jeunes cadres ne sont assurément pas les plus à plaindre dans leur génération, il ne faut pas oublier les clivages qui distinguent ceux qui sont passés par les grandes écoles et les autres. A cet égard, la mul-tiplication des écoles de commerce et des écoles d’ingénieurs ne doit pas faire illusion : elle ne s’est pas traduite par une croissance simultanée du nombre des cadres, de la même façon que les nombreuxdiplômés de l’université d’aujourd’hui ne sont pas assurés d’un poste à la hauteur de leurs espérances. Pour les uns comme pour les autres, les débuts sont marqués par la crainte et bien souvent l’expérien