Tout a commencé à Porto Alegre – ou plus exactement quand entre Bernard Cassen et des membres du Partido dos Trabalhadores (PT) brésilien naît l’idée d’une alternative au Forum de Davos. La création du Forum social mondial part de la contestation des grands-messes de l’élite financière internationale. Porto Alegre est d’abord un anti-Davos, avant de devenir le symbole de l’exigence d’une « autre mondialisation ». C’est au printemps 2000 que Bernard Cassen, avec le soutien de la direction d’Attac et celui de Lula, lance la campagne. Ignacio Ramonet prend le relais quelques mois plus tard dans le Monde diplomatique, avec un éditorial au titre éloquent : « Davos ? Non, Porto Alegre », qui va lancer une mobilisation sans précédent.

Réunir les altermondialistes (on dit encore les antimondialistes, à l’époque) n’a pourtant rien d’une sinécure. Bernard Cassen évoque les « archipels de contestation à la mondialisation libérale », d’autres parlent d’une « nébuleuse », pour désigner ce tissu composite d’associations et de groupuscules, d’ONG et de mouvements politiques, aux cultures et aux pratiques très différentes. Mais le résultat est là : Porto Alegre s’impose comme l’événement de janvier 2001, bénéficiant d’une couverture médiatique sans précédent, même si Bernard Cassen n’est pas très amène avec une presse française accusée de ne rien comprendre au mouvement. Reste à capitaliser (si l’on ose dire !) l’expérience, qui est bientôt suivie de forums sociaux continentaux : Belem en 2001, Bamako et Florence en 2002, Hyderabad et enfin Saint-Denis en 2003.

Le visage de l’ennemi

L’action, telle que la conçoivent d’emblée les altermondialistes, ne peut se situer qu’au plan planétaire. C’est que le mal est mondial : dénonçan