Les jeunes sont-ils paresseux ? Si cette question se pose, c’est que, depuis Socrate, chaque génération reproche à la suivante de préférer les loisirs au travail et de perdre le goût de l’effort.

Même des organisations qui exaltent généralement la jeunesse tiennent ce type de propos, comme en témoigne cet extrait d’un discours de Maurice Thorez prononcé en juillet 1945 : « On m’a signalé l’autre jour que dans les puits de l’Escarpelle une quinzaine de jeunes gens, des galibots, ont demandé de partir à six heures pour aller au bal. Je dis que c’est un scandale, inadmissible, impossible. Vous le savez bien, chers camarades, j’ai été jeune aussi. J’ai été aussi au bal et j’ai dansé, mais je n’ai pas manqué un seul poste à cause d’une fête ou d’un dimanche. Je dis aux jeunes : il faut avoir le goût de son ouvrage, parce qu’il faut trouver dans son travail la condition de sa propre élévation et de l’élévation générale ».

Soixante ans après, il y a fort à parier que nombre de managers ne renieraient pas ce que disait hier ce leader communiste. D’ailleurs, différents sondages le confirment : 65% des responsables d’entreprise estiment par exemple que les jeunes sont moins motivés qu’avant (Entreprise et Carrière, numéro 170) et 70% des directeurs des Ressources Humaines qu’ils sont moins dynamiques que les générations précédentes.

Si la question du rapport au travail des jeunes n’est pas nouvelle, elle est souvent mal traitée, dans la mesure où les clichés prennent facilement le pas sur les enquêtes scientifiques menées sur le terrain.

Il faut reconnaître qu’il est difficile de parler des jeunes sans tomber dans les quelques pièges habituels : penser que les jeunes sont radicalement différents de nous, qu’ils nous ressembleront nécessairement en vieillissant, qu’ils sont tous les mêmes… Si bien que Pi