Au cours de ses 40 ans d’existence, l’UCC n’a cessé de s’interroger sur la manière d’allier efficacité et justice sociale au sein du monde fermé de l’entreprise, apportant ainsi une contribution importante aux nombreux débats qui ont vu le jour lors de cette période particulièrement agitée.

L’entreprise a toujours été le principal cadre d’analyse de l’UCC, même à des périodes marquées par un rejet du capitalisme. Jamais l’organisation n’a remis en cause l’existence d’une structure économique intégrée, tout comme elle ne l’a jamais suspectée d’être intrinsèquement productrice d’inégalités. Même durant la période autogestionnaire (qui s’étale de 1967, date du congrès fondateur, jusqu’à la fin des années 1970), ce n’était pas l’entreprise en tant que telle qui était contestée, mais les rapports hiérarchiques qui existaient alors entre les dirigeants et les cadres. Les relations conflictuelles au sein de l’entreprise étaient replacées dans le schéma plus large d’un affrontement des classes au sein de la société. Comme l’affirmait alors Pierre Vanlerenberghe, « on ne pourra démocratiser l’entreprise sans démocratiser l’ensemble de la société ». Ce constat, qui pourrait sonner comme une remarque désabusée, ne signifiait pas que l’UCC se rangeait du côté des défaitistes. Dans le même mouvement, elle reconnaissait en effet que les transformations au sein de l’entreprise étaient une étape fondamentale vers l’avènement d’une société plus juste.

L’entreprise au cœur du social

Ce discours est propre à l’expérience autogestionnaire de la CFDT : l’entreprise, considérée comme le lieu privilégié des contradictions du système capitaliste, était perçue simultanément comme la seule structure capable de prendre en compte les intérêts des salariés et de mettre fin à la rigidité des rapports sociaux. Au cours d’une discussion avec