Les mutations de l’emploi sont en marche. Le contrat à durée indéterminée et le temps plein ne sont plus les uniques horizons pour bon nombre de nos concitoyens. Cet état de fait n’est pas nouveau et la transformation est profonde. La CFDT, au travers de l’accord sur le portage salarial il y a maintenant douze ans, avait déjà, dans un secteur encore peu organisé, cherché à fixer les règles du jeu, à mettre de l’ordre en objectivant la relation de travail. La signature récente de la convention collective du portage salarial vient parachever notre engagement. L’économie dite « collaborative » est venue bouleverser le champ de la relation du travail et de la subordination du salarié plus ou moins indépendant. L’impact de ce que nous appelons la transformation numérique sur l’activité professionnelle et le management est réel.

Au bureau ou quel que soit le lieu, les cadres ont désormais entre leurs mains des technologies et des dispositifs leur permettant de travailler mais aussi d’intervenir sur les pratiques de travail en étant parfois éloignés de ceux qui font le travail. Nous sommes pour beaucoup d’entre nous ce que la sociologue Marie-Anne Dujarier appelle des « planneurs »1. Spécialistes méthodes, ressources humaines, contrôle de gestion, stratégie, systèmes d’information, marketing, finances… : nous mobilisons des méthodes et des procédures standardisées, pour faire faire aux autres en leur expliquant ce qu’ils doivent faire, comment et pourquoi. De ce fait, nous ne vivons pas l’acte productif en lui-même. Nous le tenons à distance.

La question du management est ainsi revenue en force à travers la figure du manager de proximité. Il faut d’ailleurs remarquer que dans l’enquête Parlons travail de la CFDT plus du tiers des répondants, cadres ou non, déclaraient avoir des personnes sous leur responsabilité.

C’est donc la