En fait, la mixité – que l’on peut définir comme « un processus de mise en coexistence des deux sexes dans un même espace social »1 – est en cours de déploiement et cela ne va pas sans heurts ni contradictions. Dans l’espace public en général, mettre ensemble ou séparer les hommes et les femmes est encore une question chargée d’enjeux sociaux, politiques et symboliques qui ne procède jamais de l’évidence et suscite nombre de controverses. Plus encore, permettre aux deux sexes ou à un seul d’accéder au savoir, au travail ou à la vie publique n’est pas sans effet sur la hiérarchie sexuelle.

Historiquement, en effet, ségrégation sexuelle et domination masculine sont allées de pair, se sont auto-alimentées en permanence. Au cœur de ce processus historique, « la division sexuelle du travail » (salarié et domestique) a joué un rôle central. Aux hommes était traditionnellement réservée la sphère productive, les champs professionnel, politique, militaire, culturel et sacré ainsi que toutes les activités attenantes – la production de biens et de services utiles et marchands, la production culturelle et celle du savoir académique, la maîtrise du pouvoir politique et religieux, le maintien de l’ordre… Aux femmes, restait l’apanage de la sphère reproductive, de l’espace du privé et ses avatars – le travail domestique et familial, les soins aux ascendants, la solidarité et la transmission intergénérationnelles, etc. Notons qu’encore aujourd’hui, la répartition du travail domestique entre les hommes et les femmes confirme ce dernier point mais s’agissant du marché de l’emploi, le constat que l’on peut faire des évolutions les plus contemporaines de la division sexuelle du travail est plus nuancé.

Quelques chiffres récents en témoignent largement : presque la moitié de la population active est composée de femmes