Il est un usage proliférant du vocable d’« autorité » qui masque de sa surabondance l’énigme de la réalité visée. Car il y a un mystère de l’autorité approfondi par notre culture démocratique aussi prompte dans sa contestation que dans son assimilation abusive à une forme de pouvoir.

Or justement, explique Myriam Revault d’Allones, l’autorité n’est en rien synonyme de « pouvoir » pour la raison qu’elle ne s’exerce pas sur le mode de l’obéissance mais sur celui de la reconnaissance. En sorte que l’idée d’une autorité imposée constitue une contradiction dans les termes. Elle se fait admettre et reconnaître par cela même qu’elle est tenue pour légitime sans recours à la force ou quoi que ce soit d’autre, équivalent.

La question dès lors se déplace en direction de la source de cette légitimité qui fait dire de quelqu’un qu’il a de l’autorité plus qu’il n’est une autorité. Et cette source, selon l’auteur, est à rechercher dans la double direction du passé référé à ces moments investis d’un potentiel de nouveauté, de « commencement », et du futur vers lequel une communauté se projette. Bref, elle a rapport à la temporalité et à la « générativité » c’est-à-dire la capacité de faire surgir une nouveauté tenue pour fondatrice. D’où son inscription naturelle dans le cadre de l’institution où elle peut déployer sa dynamique par la garantie offerte d’une « durée publique » capable de faire sens pour tous. Une forme de présence mystérieuse dont l’idée s’est fortement érodée. Selon le mot de Tocqueville, « le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres », dans une sorte d’apesanteur éprouvante.

Appliquée à l’entreprise, une telle réflexion devrait permettre de repenser en termes renouvelés le mode de légitimation d’un pouvoir qui ne peut prétendre à la qualité d’autorité que sous réserve d’administrer la pre