Mai 1968, c’est la démocratisation de l’entreprise, l’autogestion, et aussi la qualité de la vie. Trente ans après, ces thèmes, en ayant évolué, sont-ils toujours fondamentaux pour le syndicalisme, qui revendique une responsabilité dans l’entreprise ?

Parlons d’abord de l’autogestion. Ce terme avait été proposé comme axe stratégique d’une refondation du syndicalisme par Edmond Maire au congrès de la fédération de la chimie en 1967. Il a été repris, en plein cœur des événements de Mai 68, par le Bureau national de la CFDT le 18 mai 1968. Dans ce contexte, le terme « gestion » contenu dans « autogestion » pesait bien peu et l’aspiration à s’auto-organiser manifestait surtout le rêve d’exproprier le capital et de mettre à la porte le patron qui le représentait. Il faudra d’ailleurs attendre 1985 pour qu’Edmond Maire reconnaisse dans CFDT-Aujourd’hui la nécessité d’un pouvoir patronal dans l’entreprise qui n’émane pas des salariés. En ce temps là, autogestion voulait donc d’abord dire autonomie : autonomie du mouvement social et syndical par rapport aux partis politiques qui apparaissaient sans perspective face à l’essoufflement du gaullisme et sans alternative contre l’embourgeoisement dans la « société de consommation » et contre le taylorisme qui y était associé. Autogestion voulait dire également autonomie au travail, marquant ainsi le retour d’une vieille revendication du syndicalisme de métier qui avait été délaissée par un syndicalisme de classe (entendez lié au Parti de classe) et de masse (entendez le syndicat de l’ouvrier-masse du fordisme et non celui d’une syndicalisation de masse qui n’a jamais existé en France) plus attentif aux salaires et aux garanties sociales interprofessionnelles qu’à l’organisation du travail.

Un nouveau mode de production