Le marché du travail se polarise, entre les emplois très qualifiés et ceux au contraire qui demandent un faible niveau de compétences. Comment voyez-vous la classe intermédiaire entre les deux ?

Jean-Paul Cadet. Elle est très diverse ; d’ailleurs, la notion de classe moyenne est floue. Les professions intermédiaires, c’est le haut du panier, avec des salariés qui ont aujourd’hui de plus en plus souvent un diplôme d’études supérieures. La polarisation du marché du travail, moins visible en France qu’au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, vient de l’externalisation de tâches relativement routinières et à faible valeur ajoutée qui relèvent classiquement des ouvriers et des employés qualifiés, délocalisées en partie vers des pays émergents, ainsi que de la transformation numérique qui supprime d’autres tâches de ce type. Ces processus tassent de fait les emplois correspondants. Parallèlement se développent des emplois tertiaires qui ne demandent pas ou peu de qualification, dans les services à la personne, dans la livraison, le nettoyage, etc. Et parallèlement, la complexité croissante du travail (polyvalence, gestion, interactions, etc.) impose d’avoir des qualifications toujours plus élevées et donc davantage d’emplois de cadres et de catégorie intermédiaire : aujourd’hui il y a d’ailleurs davantage de cadres que d’ouvriers, c’est symptomatique de cette polarisation. Les professions intermédiaires, ce sont les agents de maîtrise, les techniciens supérieurs, les professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises (PIACE), de l’enseignement, de la formation, de la santé et du social[1].

Aujourd’hui, elles pèsent plus de 25% de l’emploi. Le niveau d’entrée des jeunes en début de carrière dans la catégorie des professions intermédiaires, c’est devenu le diplôme de niveau 5 (anciennement le niveau III), c’est-à-dire le BTS et le DUT, voire, désormais, le