Le passage d’une logique d’entreprise à une logique de site est-il le produit d’une volonté politique claire (venant du management, des syndicats, éventuellement des collectivités locales), ou bien s’est-il fait naturellement, au jour le jour en quelque sorte ?

Il faudrait d’abord préciser que cette logique, qu’on peut lire dans la mise en place d’une Charte sociale et d’une Commission paritaire d’hygiène et de sécurité, la CFDT et d’autres organisations en parlent, mais elle n’est pas aussi clairement affirmée par les employeurs. Dans la discussion de la mise en place de la Charte, les industries de la Loire-Atlantique, via la chambre patronale en particulier, ont participé à la discussion de bout en bout et n’ont eu de cesse de rappeler qu’on n’était pas en train de bâtir une nouvelle convention collective, destinée à remplacer celle qui existe déjà pour la métallurgie au niveau du département. On oscille donc entre ces deux visions ; cela dit, par rapport à ce qui existait auparavant, où chacun voyait midi à sa porte, on a construit un texte qui identifie bien les intérêts communs, et qui part de l’idée central d’un travail en commun – d’une « co-activité » du site, pour reprendre l’expression de la direction des Chantiers.

Pratiquement, quelles ont été les étapes de cette évolution ?

Il y a d’abord une revendication déjà ancienne de la CFDT, qui soutient depuis des années que les salariés des sous-traitants doivent être pris en charge, et non pas tenus pour quantité négligeable. Avec la précédente direction, on avait abouti à un document d’une page et demie, rappelant quelques droits élémentaires du Code du travail. Il a fallu deux accidents mortels pour faire vraiment bouger les choses. Nous sommes intervenus auprès du préfet, en lui demandant de nous appuyer auprès de la direction ; celle-ci, de s