L’automne dernier, le gouvernement a tenté de réformer les règles du travail dominical, suscitant une certaine cacophonie jusque dans les rangs de la majorité. Cette confusion aurait-elle pu être évitée ?

Le moins qu’on puisse dire est que la réforme a été menée à la hussarde, sans prendre le temps de la concertation, et qu’au sein de la droite parlementaire une véritable fronde a été animée par les représentants de la démocratie chrétienne. Au-delà des questions de pure politique, on peut repérer un certain nombre de dysfonctionnement dans le travail de réflexion qui a présidé à cette réforme.

En premier lieu, la vision d’abord économique qui présidait à cette réforme était sinon purement idéologique, du moins mal informée. Si l’objectif affiché par le gouvernement était de dynamiser la consommation et d’augmenter l’emploi dans la grande distribution, certains économistes renommés comme Thomas Picketty ou Philippe Askhenazy ont fortement relativisé les effets de ce type de réforme. En tout état de cause, le débat est loin d’être clos sur cette question ; à tout le moins, il semble qu’il faille distinguer en fonction des secteurs. Il y a là un déficit d’expertise économique.

En second lieu, la « demande sociale Â» repérée par le gouvernement, et qui lui semblait pouvoir justifier cette réforme, est très mal connue : ce ne sont pas quelques sondages qui permettent de s’en faire une idée, car suivant la façon dont on pose la question on obtiendra des résultats différents. Un travail approfondi serait nécessaire pour identifier l’évolution des attentes sociétales quant aux ouvertures dominicales, car si nul ne conteste la réalité d’une évolution, personne n’est aujourd’hui capable de préciser la force et la portée de cette « demande Â». On a ici un déficit d’expertise sociologique.

Ensuite, le gouvernement ne s’es