La presse et les entreprises proposent aujourd’hui une vision très positive du cadre « nomade ». Qu’en est-il dans les faits ?

Cette vision est effectivement très prégnante aujourd’hui : on la rencontre notamment dans la presse, notamment spécialisée, mais aussi dans les manuels de gestion : c’est une nouvelle norme de carrière et de comportement qui semble s’imposer. Cette mobilité des hommes est fortement valorisée par la Commission européenne qui prône la constitution d’un marché du travail dépassant les frontières nationales ; 2006 était ainsi la « European Year of Workers’ Mobility ».

Lorsque l’on interroge les cadres, on s’aperçoit qu’ils la reprennent volontiers à leur compte, valorisant ce modèle pour eux, mais aussi pour leurs enfants. Cette approche s’explique notamment par le fait qu’ils ont voyagé, que l’étranger leur semble plus familier. Il semble cependant que ceux qui ont effectivement travaillé à l’étranger restent aujourd’hui assez rares, ce qui incite à se méfier de cette « figure obligée » qui ne correspond pas à la réalité. Il est assez difficile d’obtenir des chiffres précis sur cette population souvent de passage, mais une enquête de la Fondation européenne de Dublin, en 2006, suggère qu’il ne s’agit que de quelques points de pourcentage.

Qui sont ces salariés ?

On peut repérer plusieurs catégories, qui participent de logiques assez différentes. La première est constituée par de jeunes diplômés. Il s’agit ici d’un mouvement de fond, qui n’est pas sans lien avec la pratique de plus en plus répandue de passer une ou plusieurs années d’études à l’étranger – entre 1987 et 2005, ce sont ainsi près de 1,4 million de jeunes Européens qui ont bénéficié des programmes Erasmus ou Socrates. Dans le même esprit, une partie