Avec la montée du capitalisme financier, l’entreprise est de plus en plus vécue comme un espace d’incertitudes où le risque d’entreprendre semble avoir progressivement glissé du côté des salariés qui ont l’impression qu’on sécurise, à leur détriment, les intérêts des actionnaires. Confrontées à des contraintes économiques et financières tout aussi drastiques, les administrations sont tentées, quant à elles, par le contournement des statuts et le recours à la sous-traitance.

Dans le privé comme dans le public, le travail tend ainsi à devenir pour les employeurs une variable d’ajustement, ce qui contribue à créer une société duale, que l’on a pu décrire comme une société à deux vitesses, mais aussi sur le modèle du centre et de la périphérie.

Erosion et fragmentation de l’emploi

D’un côté, un noyau dur de salariés à statut ou en CDI, qualifiés, relativement protégés et défendus par les organisations syndicales dans les grandes entreprises et les administrations ; de l’autre, des salariés en CDD, intérimaires, stagiaires, jeunes en alternance, salariés précaires ou externalisés, travaillant dans le désert syndical des TPE-PME. Dans ce contexte, le dispositif assurantiel d’après-guerre, essentiellement rattaché au travail et financé par des cotisations prélevées sur les salaires, devient aussi facteur d’aggravation des inégalités et d’exclusion.

Les processus d’externalisation et de sous-traitance poussent à l’extrême cette tendance qui voit la relation d’emploi se réduire à une relation individuelle gérée sur le mode du marché. L’entreprise ne joue plus son rôle de rempart collectif contre les aléas de l’environnement, puisqu’elle ne fournit aucune garantie d’emploi au-delà de la tâche effectuée. Pour les personnes employées sur cette base juridique, l’assurance chômage peut devenir le statut de base, statut t