Hedva Sarfati, ex-directrice au BIT, publie un ouvrage de fond qui a le mérite de proposer une vue d'ensemble sur tous les aspects auxquels il faut penser lorsque l'on parle de flexibilité de l'emploi. En particulier, il est intéressant de voir l'évolution du concept, dans le temps, depuis que ce terme est né. Les mentalités ont évolué : celles des divers gouvernants, celles des divers patronats, celles des salariés et de leurs divers représentants. C'est dire que la notion même de flexibilité n'est pas aussi simple que parfois on voudrait le faire croire. La démonstration est encore plus évidente lorsque Hedva Sarfati aborde cette question sous l'angle de l'Europe et de l'Europe sociale. Il est difficile, en effet, d'avoir un discours sans aucune contradiction, même du côté du patronat européen (UNICE) qui souhaite que les Etats interviennent davantage tout en demandant moins d'Etat et plus d'autonomie d'action.

Faut-il pour cela aboutir à une société bloquée ? Certainement pas. Chacun des partenaires sociaux a des propositions à apporter. Et chacun le fait avec intelligence et avec des arguments, même si ses apports ne sont pas unidimensionnels. La vérité n'est pas univoque. Elle n'est pas que d'un côté. C'est pourquoi le dialogue social est indispensable. Face à la mondialisation, il n'y a pas que la mondialisation; il n'y a pas que la concurrence, non plus. Il y a «la reconnaissance effective des droits fondamentaux de la personne humaine au travail, tels qu'ils sont consacrés par les normes internationales du travail de l'OIT, et notamment celles qui concernent la liberté syndicale et la reconnaissance effective du droit de négociation collective, l'élimination de toutes les formes de travail forcé ou obligatoire, l'abolition effective du travail des enfants et l'élimination de la discrimination dans l'emploi et la profession sous toutes ses formes».

Un livre à lire, parce qu'il est documenté, parce qu'il rappelle le sens.