Nous avons en Europe deux caractéristiques qui ne nous permettent pas de croître à la même vitesse que les pays émergents. Tout d’abord, il est probable que la population active diminue en permanence jusque vers 2025. Ensuite, nous sommes très près de la frontière technologique, dont les leaders sont les Etats-Unis ; nous en sommes si près que nous ne pouvons pas fonctionner par imitation. La Chine peut croître très vite par pure imitation, ce que nous ne pouvons pas faire. Il faut donc que nous soyons capables d’innover, ce qui suppose de développer un certain nombre d’incitations. Plus largement, c’est notre modèle social qui est aujourd’hui en question : sa propension à créer des inégalités et à immobiliser les parcours est aussi dangereuse socialement que dommageable sur le plan économique.

Modèles et contre-modèles

La France est marquée par un chômage chronique et inégal chez les jeunes, les femmes et les non-qualifiés ; mais aussi par des garanties de revenus et de l’emploi ayant pour contrepartie la précarisation d’une partie de la population active. Cette dualité entre les emplois protégés et les emplois précaires arrive aujourd’hui à une tension sociale extrême, comme nous l’avons vu ces derniers mois.

Cette situation est non seulement douloureuse socialement, mais elle est aussi dommageable économiquement. La loi économique de l’offre et la demande stipule qu’un marché est efficace s’il va vers un équilibre. Or, un marché ne peut aller vers un équilibre que si les pouvoirs contractuels des deux côtés du marché sont de même force. Cela reste vrai pour le marché du travail. Ainsi, si vous menez des politiques qui au contraire creusent encore plus le pouvoir contractuel des salariés, comme c’est le cas du CPE et du CNE, vous allez rendre le marché du travail encore plus inefficace. C’est le piège des polit