On parle généralement de l’emploi et de la gestion sans faire de liaison avec les instruments de gestion économique auxquels décideurs et exécutants se réfèrent quotidiennement dans les entreprises, comme s’il s’agissait curieusement de deux mondes qui s’ignorent, comme s’ignorent d’ailleurs souvent ceux qui ont en charge les aspects économiques et ceux qui s’occupent du « social » .

L’objet de cet article est non seulement d’établir ce lien, mais d’examiner dans quelle mesure les instruments de gestion jouent contre l’emploi et s’il existe (ou plutôt à quelles conditions pourraient exister) des instruments de gestion plus favorables à l’emploi. Sans nous attarder sur la définition des instruments de gestion, nous considérons dans cet article qu’il s’agit de toutes les formalisations qui constituent des intermédiaires entre la décision et l’action dans une activité organisée.

Des outils nombreux, des modèles contestés

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, on a assisté dans le monde des entreprises à une formidable éclosion d’outils de gestion 1 :

  • une forme de pilotage et de contrôle s’est imposé par le calcul et la cybernétique : les différentes techniques utilisées ont été regroupées sous le terme de recherche opérationnelle et ont été appliquées autant à la planification de la production qu’à la logistique, la gestion des stocks, la maintenance des équipements, etc,
  • le contrôle de gestion s’est développé à partir de modèles de comptabilité analytique, l’analyse financière s’est appliquée au calcul de la rentabilité des investissements, la planification stratégique a connu un engouement avec les matrices BCG, ADL, etc..

L’ensemble de ces techniques, méthodes, procédure