Sous forme de réquisitoire décapant, l’auteur s’attache à démontrer la situation contradictoire dans laquelle se trouvent nos sociétés modernes et les dangers qui les guettent.

Dans une économie mondialisée, le travail humain est de moins en moins nécessaire à la création des richesses et du profit, dit V. Forrester. La fin de l’ère industrielle et de la production de biens matériels engendre une nouvelle civilisation dans laquelle un faible pourcentage de la population aura des fonctions productives. Conduites par la seule logique de l’économie spéculative, nos sociétés excluent massivement les individus non rentables et inutiles.

La nouvelle norme de cette civilisation en marche sera l’absence de travail.

Paradoxalement, les politiques mises en œuvre tentent de maintenir artificiellement une société toujours fondée sur le travail alors qu’il disparaît : il s’agit d’un véritable leurre aux conséquences dramatiques pour les individus. Le maintien à tout prix d’un modèle de société périmé génère l’exclusion massive des “inutiles” et des “non rentables” : les exclus du modèle obsolète seront bientôt plus nombreux que les inclus. Une telle aberration doit nous faire réfléchir, pendant qu’il en est encore temps, sur le sens et la finalité que l’on veut donner à notre société de demain. Quelle sera la place de l’homme dans la société à venir ?

Pour la première fois de notre histoire, dit l'auter, le travail humain n’est plus nécessaire. Toutes nos références, notre culture, notre histoire se désagrègent. Les hommes vivent un nouveau drame de l’Histoire : hier aliénés et exploités, aujourd’hui exclus et errants, les hommes découvrent qu’il y a pire que l’exploitation : ne plus être exploitables, c’est-à-dire n’avoir aucune valeur. A quand la disparition de l’homme ?

Si l’on ne peut qu’approuver l’indignation de l’auteur, “l’horreur économique” est un livre de plus sur la fin du travail (sujet très à la mode) et une critique acerbe des politiques de l‘emploi au nom du sauvetage du travail. Sur un ton neuf, Viviane Forrester tire la sonnette d’alarme afin de réveiller les “consciences” : au lieu de lutter contre le chômage en généralisant notamment le “sous-intérim permanent”, proposons de nouvelles voies pour s’organiser “à partir de l’absence de travail”.

La fin du travail, mythe ou réalité : le débat est désormais ouvert.