Notre ouvrage aux Editions Liaisons en avril 20121 pose la question des conditions organisationnelles de la performance collective du travail d’aujourd’hui, un travail qui a muté. C’est un travail de plus en plus intellectuel. Il est devenu essentiellement informationnel, communicationnel, relationnel. Cette part de l’activité a toujours existé, elle n’a jamais été étrangère à la production matérielle2. Quatre faits convergent pour faire de cette mutation, une émergence, un « devenir » organisationnel et gestionnaire. Avec l’automation et l’informatique, ce travail prend une part majoritaire dans l’ensemble des process, même industriels, et tout particulièrement dans l’innovation. Ce travail est l’essentiel d’une production servicielle dont l’importance a déjà largement compensé et suppléé la réduction de la part de la production industrielle. Plus encore, ce travail présente une caractéristique essentielle s’agissant de l’organisation productive. Ce travail n’est pas divisible dans les conditions que préconise la pensée industrialiste. Enfin, ce travail intellectuel débouche de plus en plus sur des productions immatérielles, celle des services, mais également une part importante des activités concourant à la production de produits tangibles. Si toute production débouche in fine sur un produit ou requiert des infrastructures ou des supports matériels, l’immatérialité n’est pas seulement liée à la part de traitement d’information ou au caractère essentiellement intangible du produit (un concept, un logiciel, des services…). Elle est la contrepartie d’une triple distanciation entre le travailleur et sa production. C’est une distance dans le temps, entre le moment du travail productif et celui de la valorisation de sa production. Elle est dans l’espace avec la globalisation et les progrès de la numérisation. Elle résulte en