« Les questions du travail sont le « refoulé » de la société française » (Yves Clot)[1]
Le diagnostic approfondi réalisé en 2005[2] auprès de 50 professionnels RH, dans sept entreprises, révélait au contraire le caractère formel et l’inadaptation fréquente des dispositifs de gestion, du fait de la connaissance insuffisante qu’avaient alors leurs concepteurs des situations concrètes sur le terrain. Interrogé sur l’évolution des politiques de ressources humaines, un dirigeant nous avait même confié ses doutes : « Et l’humain là-dedans ? Jusqu’où fait illusion ce bel emballage que l’on présente ? On a des outils, mais l’accompagnement, l’écoute terrain n’est pas pratiquée, or c’est le basique de la fonction... ». Vingt ans après, ce constat désenchanté est largement confirmé par l’étude de la littérature, qu’elle soit professionnelle, sociale et syndicale, ou académique. En témoignent en particulier les deux ouvrages, remarquables, des professeurs Mathieu Detchessahar (L’entreprise délibérée, Éditions Nouvelle Cité, 2019) et Norbert Alter (Pour en finir avec le Machin, Éditions EMS, 2024). Tous deux, fins connaisseurs de l’entreprise, s’inquiètent de cette indifférence à l’activité réelle et au point de vue des équipes, et ils alertent sur ses conséquences.
La créativité de la ressource humaine, moteur de l’économie
Cette cécité est non seulement la source première du mal-être au travail, mais elle prive l’entreprise d’une précieuse ressource économique, l’expertise opérationnelle. La valeur de l’entreprise repose en effet largement sur la singularité de la ressource humaine : sa créativité et son élasticité, disponibles pour qui sait les reconnaître et les stimuler. L’origine de cet acronyme,