D’une vingtaine d’années de co-élaboration avec la CFDT Cadres, d’interventions à caractère expérimental ou de recherche-action, quels enseignements tirer et transmettre ?

En premier lieu, la primauté du travail d’équipe dans le choix d’un sujet, la cible d’une enquête, la méthode d’investigation, l’appropriation des conclusions. En second lieu, la force du dialogue lorsqu’il est ainsi cadré et finalisé. J’ai toujours perçu le dialogue avec et au sein de la CFDT Cadres comme un dialogue professionnel, en ce sens qu’il est essentiellement tourné vers ce pour quoi et vers ceux pour qui l’on agit ensemble. Un tel dialogue suppose une méthode et il repose sur des individualités. On peut le dire autrement : il repose sur une méthode qui favorise l’expression des individualités. L’on me permettra de personnaliser cette remarque et de parler de ce que je perçois, sur ce plan, de l’apport de Jean-Paul Bouchet, secrétaire général de la CFDT Cadres de 2009 à 2016.

Cet apport, je le perçois dans ce qu’il fait à travers ce qu’il dit, dans sa manière d’entrer en relation avec les autres et de nouer un dialogue. Je connais peu de gens chez qui il y aussi peu de discontinuité – autant d’unité – entre le comportement et des valeurs. Entre une manière d’être présent à soi-même et une politique tournée vers les autres. La manière qu’il a d’exercer sa propre responsabilité convoque celle de l’autre. Avec lui, un dialogue sur le professionnel n’est jamais loin d’un dialogue interpersonnel, et inversement : mais une distance est préservée dans les deux cas. Et j’en suis venu à cette interrogation : quelle sorte d’utopie cette posture véhicule-t-elle ?

Ouvrir une voie

Il y avait une bonne dose d’utopie chez ceux qui, durant la Seconde Guerre mondiale et just