Le sentiment dominant conduit aujourd’hui à considérer l’émancipation des femmes, revendication des féministes, comme acquise. Les conditions de l’autonomie en droit sont réunies, c’est un fait mais la réalité est toute autre. Les auteures de cet ouvrage à partir de quelques chiffres sur le taux d’activité mais surtout sur la nature des emplois, montrent que l’égalité reste à faire. Au-delà d’une question de justice sociale mise en avant par toutes celles qui se sont battues depuis des décennies, l’ouvrage pose la question sous un angle nouveau : l’intérêt économique pour les entreprises et pour la société à améliorer l’égalité professionnelle et donc la nécessité d’une profonde réorganisation du travail.

L’intérêt aujourd’hui n’est pas seulement celui de la moitié environ des citoyens mais celui de la collectivité dans son ensemble. La sous utilisation de l’investissement en formation, le transfert de charges collectives sur la protection sociale, fragilisent l’ensemble de notre système économique. Concernant plus précisément les cadres et l’accès aux postes de responsabilité, les auteures analysent deux expériences étrangères dans des registres d’actions soit encadrées soit libérales mais qui réussissent mieux à « désagréger » le fameux plafond de verre auquel se heurtent toujours les françaises.

Au-delà des pistes traditionnelles autour de la prise en charge de la petite enfance ou de mesures introduisant la fiscalité séparée dans les couples, l’ouvrage aborde la question du temps de travail, suggère de revoir la norme de travail à plein temps pour tout le monde, aménagée sur l’ensemble de la vie active et s’imposant comme une nouvelle norme sociale. Aux partenaires sociaux d’ouvrir ce chantier sur la responsabilité des entreprises dans la gestion des temps : la CFDT Cadres est prête à relever ce défi et l’ouvrage permet d’ouvrir de nouvelles perspectives de négociation.