Le code et après…

Quelles que soient les sophistications technologiques ou communicationnelles – et elles sont nombreuses aujourd’hui –, une conception a la vie dure : celle d’un langage qui, à travers les mots et les phrases, véhicule dans un seul sens des contenus entre un émetteur et un récepteur. Héritée du vieux modèle mathématique de l’information, cette conception du langage comme une sorte de « code » s’appuie pour l’essentiel sur la transmission et la diffusion. Elle irrigue encore les représentations de beaucoup de dirigeants, de managers, voire de communicants. L’objectif demeure de « faire passer le passage ». Bien sûr on tient compte d’un univers encombré d’informations, bien sûr on veille à soigner la forme, à varier les contenus, mais l’intention ne change guère sur le fond. Le langage est un véhicule. Hier, pour les ordres du contremaître, aujourd’hui pour l’explication sous forme d’un powerpoint. Vision mécaniste s’il en est. On transmet, on diffuse. Quant au sens, il n’est pas toujours au rendez-vous, c’est le moins qu’on puisse dire, singulièrement dans le champ du travail.

La situation, le cadre, le contexte et le sens

Le sens, c’est une tout autre affaire qui, certes, a à voir avec le langage, mais dans une perspective différente de la seule transmission. Comment les mots et les phrases peuvent-ils faire sens ? Au-delà du code qui peut être plus ou moins partagé, il y a la situation, le cadre, le contexte[1]. On entre là dans tout ce qui permet d’accéder au sens parce qu’il y a un cadre cognitif commun, parce qu’il y a un tissu de relations établies souvent de longue date, parce qu’il y a un rapport à l’autorité, parce qu’il y a une dimension éthique, parce qu’il y a un certain type de rapports sociaux… Le cadre et le contexte sont la matrice du sens et dépendent des acteurs en présence, de leur histoire, de leu