Une triple interrogation

Une triple interrogation sollicite conjointement le syndicalisme et le monde des ingénieurs et des cadres. Le syndicalisme a-t-il encore un rôle à jouer et une fonction à remplir dans les sociétés industrielles, et en quoi intéresse-t-il tous les salariés ? Les ingénieurs et les cadres doivent-ils affirmer leur existence en tant que groupe et sous quelle forme ? Peuvent-ils rester étrangers à l’action syndicale et, sinon, comment peuvent-ils s’y intégrer ? [...] Notre société est affrontée à de nouveaux et nombreux problèmes, liés au développement économique et social des dernières décennies. Les choix qu’elle doit effectuer détermineront largement les traits de la civilisation du dernier quart du vingtième siècle et concernent tous les hommes. La question essentielle est de savoir qui fera ces choix : quelques-uns (grâce à leur puissance économique et politique ou à leur savoir), ou l’ensemble de la communauté humaine, groupes et individus ? Et selon quels critères : accélérer la croissance pour maximiser le profit ou pour réduire les inégalités et répartir différemment le pouvoir ?

Ambiguïté du progrès

L’étude attentive et objective de la société industrielle révèle le caractère souvent ambigu du progrès et de la croissance économique laissés à leur propre déterminisme. Le monde industrialisé s’enrichit, mais trop souvent au détriment d’un appauvrissement relatif des pays en voie de développement La France connaît des secteurs géographiques, des branches d’activité en pleine expansion. Cependant, il en reste d’autres où sévissent le chômage, les bas salaires et, de plus, ces disparités tendent à s’accentuer. Certaines catégories de salariés, par suite de l’évolution technique, sont réduites au chômage ou à une retraite anticipée. De nombreux jeunes qui ont appris à l’école un métier ne peuv