Le thème du travail indépendant a une longue histoire qui emprunte à la fois à la vieille tradition des métiers et qui s’articule étroitement à la contestation de l’ordre du salariat. Chacun aspire, au fond, à pouvoir se départir de la relation de subordination induite par le contrat de travail. L’utopie marxienne on le sait, rêve la fin du salariat et la venue d’une société où chacun disposera de moyens équivalents à ses besoins. Dans ce contexte, chacun sera libre d’exercer une activité sans contrainte et dont le contenu pourra varier en fonction des humeurs du moment. Celui cependant qui a sans doute le mieux théorisé l’articulation possible entre travail salarié et travail indépendant est Proudhon1.

Le salariat, étape vers l'emploi indépendant ?

Proudhon est contemporain de la révolution de 1848 au cours de laquelle les ouvriers se sont battus pour ce que l’on appelait « la coopération » c’est-à-dire l’accès du plus grand nombre possible à la propriété des moyens de production. Le droit du travail, en 1848, c’est la possibilité pour le salarié de trouver des instruments de travail, de pouvoir s’établir et devenir artisan. La thèse défendue par Proudhon, dans ce contexte, est qu’il faut aider les salariés à devenir indépendants. Un des moyens pour parvenir à cette indépendance est la capacité donnée aux salariés d’accéder au crédit par le biais du mutuellisme. Pour Proudhon, le salariat est une étape qui doit s’achever par la « mise à son compte ». S’il s’est battu contre le droit de grève, c’est parce que celui-ci risquait de rompre la solidarité entre salariés et indépendants. Pour lui, l’avenir de la classe ouvrière résidait dans le travail indépendant. Cette réflexion n’a pas été comprise à l’époque et l’Histoire lui a donné en partie tort qui a consacr