Agir pour changer l’organisation du travail

Des idées toutes faites que nous recevions nous-mêmes, un peu facilement, comme une nécessité regrettable, autour desquelles s’était construite l’organisation scientifique du travail sont en train de voler en éclats. Mais cette remise en question radicale est d’abord le fait des travailleurs eux-mêmes. Ce qui a été longtemps subi comme une fatalité est désormais refusé parce que l’on commence un peu partout à percevoir qu’on doit et qu’on peut y changer quelque chose.

Le refus s’exprime de plus en plus clairement à trois niveaux. Les travailleurs rejettent la déqualification, le travail en miettes lequel, depuis la production industrielle de série, a gagné le travail administratif (autour de l’informatique) et même les travaux du bâtiment. Ils disent aussi qu’ils ne veulent plus être condamnés à subir leur travail sur lequel ils n’ont pas droit à la parole, à propos duquel les initiatives leur sont interdites. Plusieurs conflits récents ont mis en lumière l’absurde d’une organisation où le poste de travail détermine la rémunération du travailleur. En changeant sur ordre de poste de travail, la rémunération varie. Et que dire du salaire au rendement ! Enfin, les rapports hiérarchiques qui excluent l’échange, la communication et encore plus la coopération ne sont plus acceptés. L’organisation du travail, telle que nous la connaissons aujourd’hui, se présente comme une réponse « scientifique » à un certain nombre de défis techniques. Les travaux de sociologie industrielle ont montré qu’elle n’est qu’une réponse parmi plusieurs possibles à ces défis. Mais elle s’est imposée comme « la » réponse parce qu’elle traduisait une idéologie largement partagée. Cette idéologie, dont on retrouve aisément des traces dans nos propres démarches, peut être caractérisée par quelques traits : la hiérarchie des fonctions est le reflet au niveau d