A l'approche imminente de l'Euro, le 1er janvier 1999 pour les marchés financiers et, le 1er janvier 2002 pour les particuliers, ce livre s'impose comme une référence sérieuse pour tous les citoyens comme pour les divers agents économiques.

A vrai dire ce livre contrairement à son titre n'a rien d'un roman. Il constitue plutôt une chronologie, une mémoire sérieuse, attentive et vivante des événements et péripéties qui, vont de la Conférence Intergouvernementale de Maastricht en décembre 1991 pour aboutir à la création de la Monnaie Unique.

Cette période se situe, comme le rappelle justement le livre, dans une série d'événements majeurs ou de réflexions monétaires déjà relativement anciennes : la création le 23 décembre 1865 d'une Union Monétaire entre la France, la Belgique, l'Italie, la Suisse puis la Grèce ; la création du « Serpent Monétaire » en 1972 puis, du « Système Monétaire Européen » en 1978 ; les rapports « Werner » en 1970, « Delors » en 1989 sur « l'Union Economique et Monétaire ».

Mais, les événements les plus marquants de cette période auront été « géopolitiques » avec la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989, la réunification de l'Allemagne en octobre 1990, la dislocation du bloc soviétique, l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, le début de la guerre civile en Yougoslavie en juin 1991, la fin de l'URSS en décembre 1991 et la création de la CEI (Communauté des Etats Indépendants) ainsi que la guerre avec l'Irak (l'opération « Tempête du désert » commence le 17 janvier 1991).

C'est dans le cadre de redistribution des cartes entre les « Grands » et ce précipité d'événements importants qu'il faut situer l'approfondissement de la Communauté Européenne et particulièrement la création de l'Euro.

Le livre de G. Milesi fourmille de petites et grandes informations toutes utiles pour notre compréhension de cette période constituante de l'Euro.

Qu'il s'agisse ainsi du fameux critère des déficits publics dont le niveau fixé à 3 % fut voulu par François Mitterrand (il est vrai qu'en 1991 les déficits français ne s'élevaient qu'à 1,6 %), des propositions visant à réaménager des parités au sein du SME faites à deux reprises par les Allemands et refusées par deux fois par les Français, du refus cette fois par les Allemands de nommer la monnaie unique l'écu, de la surenchère allemande quant à une interprétation rigide des critères de sélection d'où la création du pacte de stabilité et les réticences à l'égard de l'entrée des pays du Sud de l'Europe dans la monnaie unique ou bien encore du jeu si particulier des Anglais (« un pied dedans - un pied dehors »), des revirements européens de l'actuel chef de l'Etat français et encore de la querelle concernant la nomination du premier gouverneur de la BCE (Banque Centrale Européenne).

Ce livre non polémique, de G. Milesi, nous donne souvent le sentiment que le fameux couple franco-allemand, a bien souvent connu des « ratés » et parfois manqué de souffle !

Ainsi va notre histoire européenne faite de grands et de petits événements.

Ce livre fort documenté est à lire. Il prolonge, en quelque sorte, trois autres ouvrages récemment publiés : « La légende du franc » de G. Valance (Ed. Flammarion), « La guerre de sept ans - Histoire secrète du franc fort de 1989 à 1996 » de A. Aeschimann - P. Riche (Ed. Calmann-Levy) et « Le débat interdit - Monnaie, Europe, Pauvreté » de J.P. Fitoussi (Arléa).