Cet ouvrage décrit et analyse une série d'innovations issues de l'INRA. Ce qui est le plus intéressant est que ces histoires s'inscrivent dans la durée : certaines ont commencé dans les années cinquante.

L'innovation c'est « une invention qui a rencontré des utilisateurs ». Un chercheur ou une équipe qui a rencontré des professionnels.

On raconte entre autres l'histoire de l'Orylag, lapin hybride à fourrure douce et chair savoureuse qui «en mariant deux réseaux jusque-là totalement étrangers l'un à l'autre, celui de la fourrure et celui de la viande de boucherie, et en développant de nouvelles modalités marchandes entre producteurs et distributeurs, propose un très joli cas d'innovation où le produit construit un réseau d'acteurs, d'objets et de services, en même temps qu'il est modelé par lui».

L'histoire du fromage de Beaufort, dont la fabrication a été modernisée et homogénéisée, montre que les critères d'évaluation sont parfois difficiles à apprécier. «On se trouve là face à un problème classique d'évaluation de la réussite d'une innovation : financièrement le procédé n'a rien rapporté à l'INRA, quelques dizaines de machines ont été produites par des fabricants locaux, mais si les alpages n'ont pas été abandonnés, c'est parce qu'il y a eu cette mécanisation de la traite en montagne». L'innovation a évité la disparition de la traite en altitude, elle a permis de maintenir en montagne des troupeaux et des éleveurs, et de ne pas abandonner de prairies en montagne qui seraient alors devenues des friches.

On retrouve la question des externalités et celle du service public, ce qui n'est pas mince...