Si les entreprises acceptent le jeu de la notation financière, c’est d’abord qu’elles en ont besoin, pour faire appel aux investisseurs ou obtenir un crédit. Ce qui amène à envisager la vie économique du point de vue des marchés financiers, qui imposent depuis une trentaine d’années leur représentation des entreprises. Quelle est leur logique ? Comment s’est-elle imposée ?

Logiques du marché

Du point de vue de l’investisseur ou du prêteur, une évaluation est nécessaire pour engager des capitaux. Elle concerne aussi bien la « valeur » de l’entreprise, c’est-à-dire son prix potentiel, que les gains espérés (profits, croissance de la valeur) et les risques encourus (destruction de valeur sous une forme ou sous une autre). Dans le détail, sont considérés les actifs et engagements financiers (actions, obligations, options, contrats d’épargne), mais aussi les perspectives économiques de la firme sur ses différents marchés.

L’ensemble de ces données forme un modèle complexe, une représentation de l’entreprise dont l’élaboration rassemble au moins trois acteurs : celui qui fournit l’information, c’est-à-dire l’entreprise ; ceux qui la certifient et la contrôlent, du cabinet d’expertise comptable qui coproduit cette information aux différentes agences qui l’évaluent et la notent de l’extérieur ; et enfin ceux qui utilisent cette information, c’est-à-dire les marchés de capitaux : les prêteurs vers lesquels l’entreprise se tourne pour obtenir un crédit, et les investisseurs qui peuvent acquérir ou vendre ses actions. Ces marchés pèsent aujourd’hui bien davantage dans la vie économique qu’ils ne le faisaient il y a encore une trentaine d’années. Cela tient à plusieurs facteurs.

Le premier est le raffinement croissant des techniques de la gestion d’actifs, qui dans un contexte de conc