Le fleuve Mékong pouvait apparaître au milieu du XIXe siècle, comme une voie commerciale toute tracée entre la Cochinchine, colonie française, et la Chine. C’est avec cette ambition que, pendant plus de 50 ans, des hommes - marins, ingénieurs, membres de compagnies coloniales - se sont acharnés à remonter ce fleuve dans l’espoir d’établir un service régulier de navigation à vapeur.

Ils ont franchi des rapides à grand risque, transporté les bateaux sur terre quand des chutes leur barraient le passage. A grand peine, ils ont tenté d’aplanir le lit du fleuve, d’en effacer les obstacles. Ils ont laissé dans ces climats et ces embûches leur santé et leur vie pour certains. Ils ont dû composer avec les gouvernements des pays traversés et mitoyens, Cambodge, Laos, avec les intérêts financiers et commerciaux de toutes sortes, attendre les ordres, contrordres et les projets parfois peu réalistes d’un gouvernement français lointain et changeant.

Entre hautes eaux et basses eaux, le Mékong se révélera définitivement impropre à la navigation commerciale régulière. Entre temps, les projets de voies ferrées et de routes auront progressé, ils n’aboutiront qu’un peu plus tard mais condamnent déjà sans appel les illusions des pionniers du Mékong.

Cet ouvrage sérieux - l’auteur à travaillé à partir des archives de la France d’outremer et des journaux et bulletins de l’époque - se lit néanmoins comme un roman d’aventures. Luc Lacroze tout en faisant oeuvre d’historien, a su mettre en avant la ténacité, l’ingéniosité et le courage des hommes qui ont relevé ce défi. C’est une page de notre histoire coloniale à découvrir.