Ce tour d'Europe des systèmes de santé est précédé d'une longue introduction où sont passés en revue les différents modèles d'assurance maladie, l'organisation des services et l'accès aux soins et les systèmes de paiement par les utilisateurs.

Il existe trois modèles d'assurance maladie.

Le modèle de financement public par l'impôt appelé "beveridgien" en référence à lord Beveridge, inspirateur du service national de santé britannique. Suivant les pays le financement des soins est assuré principalement par le budget national ou partagé entre l'Etat et les collectivités territoriales.

Le modèle de financement par l'impôt est neutre à l'égard des sources de revenus. Il pèse donc sur les revenus du travail et du capital. Dans un tel modèle, il n'y a pas comme en France, de cotisations d'assurance maladie prélevées à la source sur les salaires et venant renchérir le coût salarial.

L'autre modèle existant en Europe est appelé "bismarkien" du nom du chancelier Bismark qui l'introduisit en Allemagne à la fin du 19ème siècle. C'est un vrai modèle d'assurance, développé à l'origine pour les ouvriers, dans une logique de solidarité et de mutualisation professionnelle. Il organise une redistribution entre les personnes de niveaux de revenus différents ainsi qu'une mutualisation des risques.

La gestion du système est assurée par les représentants syndicaux ou professionnels. Il y a une réelle responsabilisation qui doit peu à l'Etat et beaucoup à la pugnacité des travailleurs face aux employeurs. Dans ce modèle d'assurances sociales, les cotisations interviennent directement dans les coûts salariaux.

Le troisième modèle, c'est l'assurance concurrentielle. On le trouve aux Etats-Unis, il n'existe pas en tant que tel en Europe. Il est fondé sur un double principe : l'assurance volontaire des individus, l'existence d'une offre pluraliste d'assurance commerciale par des compagnies en concurrence.

Qu'en est-il de l'organisation des services et de l'accès aux soins ? Il peut différer d'un Etat à un autre. Dans certains pays les médecins sont des professionnels indépendants (la médecine libérale à la française), dans d'autres ils sont salariés ou payés à la capitation

La médecine générale peut être la porte d'entrée obligatoire dans le système de soins, dans d'autres pays l'accès aux services de soins est très ouvert. La France est probablement le pays de l'Union européenne le plus libéral.

Pour le paiement des services par les utilisateurs, on parle de "tiers garant" avec avance de frais lorsque le malade doit faire l'avance du paiement des services dont il a bénéficié et de "tiers payant" lorsque le malade n'a rien à débourser et que le professionnel se fait rembourser par un organisme d'assurance. Il peut aussi y avoir "gratuité au point de contact avec les services" lorsque le prestataire est financé directement par le payeur.

Une partie des frais engagés peut rester à la charge du malade, soit sous forme de ticket modérateur, soit sous la forme d'un forfait.

Une question se pose à tous les pays : comment limiter la surconsommation de soins ? Quatre grands types d'intervention sont pratiqués (jouer sur les prix, limiter le pouvoir discrétionnaire du médecin, rationner en limitant le nombre des médecins ou en plafonnant les dépenses, ne prendre en charge que les services nécessaires et efficaces).

La situation est ensuite examinée pays par pays. On peut faire les rapprochements suivants. Les trois pays nordiques ont bien des points communs : systèmes nationaux, décentralisation politique de l'organisation et du financement d'une partie des soins, médecine publique ou médecins indépendants sous contrat. Le Royaume-Uni a un système beaucoup plus centralisé. Le Nord de l'Europe a plutôt opté pour les modèles de type beveridgien. Les pays nordiques (Suède, Finlande) ont développé une politique de santé publique, appuyée sur des centres de santé, qui leur a permis d'obtenir des résultats remarquables en taux de mortalité infantile.

Au centre, on trouve les pays continentaux à assurances sociales : France, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Allemagne, Autriche.

En Europe du Sud, on note une tentative de mise en place d'un système national à l'anglaise ou à la nordique.

Il est intéressant de noter la diversité des solutions adoptées face aux problèmes de santé et de constater qu'il n'y a pas de modèle idéal, chaque pays est confronté à ses difficultés et semble les résoudre plus ou moins bien, cela conduit certains comme la Grèce à des systèmes très hétérogènes. La France ne semble pas si mal placée dans ce contexte, comme l'illustrent d'ailleurs des tableaux insérés dans le texte rapportant des données sur la santé (nombre de médecins, hôpitaux, taux de mortalité infantile, espérance de vie, dépenses...).