Alors que la prévention des risques est un ensemble de procédures, de méthodes et d’actions visant à contrôler un environnement sur la base d’une connaissance scientifique déjà solide, le principe de précaution peut intervenir dans les phases de découvertes techniques et scientifiques. Pour le dire simplement : quand on sait, on fait de la prévention, quand on ne sait pas, on applique le principe de précaution.

Celui-ci n’avait rien à voir avec l’affaire du sang contaminé, par exemple, puisqu’on savait que le sang non chauffé pouvait être dangereux. Les risques qui ont été pris ne relevaient pas d’une incertitude scientifique, mais d’une négligence coupable, et sans doute de choix politiques, techniques, économiques : ne pas prendre le risque d’affoler l’opinion, de compliquer les procédures ou de décourager les donneurs, d’élever les coûts. En revanche, dans l’affaire de la vache folle, il existait (et il existe toujours) une zone d’incertitude scientifique : la biologie ne sait pas avec certitude si le prion est transmissible à l’homme. Comme l’explique Jean-Pierre Bompard, le secrétaire confédéral qui suit le sujet, « le principe de précaution doit s’appliquer quand on est dans la phase de construction des conséquences ».

Pratiquement, l’application du principe de précaution suppose pour les orgnismes de recherche le respect de procédures de sécurité, comme l’isolement des installations, la construction de protocoles. On a pu soutenir qu’une application extensive du principe de précaution donnerait un coup d’arrêt à la recherche ; en réalité, si certains travaux peuvent en effet être abandonnés, on peut tout aussi bien soutenir que l’application du principe conduira à plus de recherche - afin de sécuriser ce qui peut l’être. Dans les faits, il y aura sans aucun doute une redistribution des crédits et des carrières, certains domaines de recherche, à risque, né