Notons d’emblée que la présente contribution s’appuie sur les observations d’une recherche en cours et que, à ce titre, les conclusions que nous suggérons sont encore largement provisoires. Précisons également qu’à l’instar de nombreuses autres études qui sont conduites à l’heure actuelle, l’objectif de notre travail consiste à évaluer les implications du passage aux 35 heures sur les conditions de travail et de vie des salariés. Nous nous intéressons plus particulièrement au cas des ingénieurs et cadres engagés dans des activités de service liées à l’informatique.

Sur le plan conventionnel, les entreprises de la "nouvelle économie" relèvent de la convention collective Syntec, texte qui ne concerne pas que les sociétés de service informatique mais également d’autres entreprises comme les sociétés de conseil, les sociétés de sondage…

Après six mois de négociation, l’accord de branche Syntec sur les 35 heures a été signé le 22 juin 1999. Il a été étendu partiellement le 21 décembre 1999 et a fait l’objet d’une extension totale le 10 novembre 2000. A l’heure actuelle, la convention collective couvre 35000 entreprises et quelque 500000 salariés, dont 60 % de cadres et ingénieurs. Le terrain est donc particulièrement fertile pour appréhender l’impact de la réduction du temps de travail sur des cadres qui, dans l’espace social précis des activités de service informatique, sont une minorité à prendre en charge des fonctions d’encadrement proprement dites.

Les tensions de la négociation

Le passage aux 35 heures a-t-il eu des effets importants sur la façon dont les ingénieurs travaillent et s’organisent au quotidien ? Pour toucher du doigt les enjeux liés à cette question, l’on peut d’abord faire état de ce qui, lors de la négociation de branch