La révolution informationnelle, prévue ou envisagée par quelques économistes et experts en management dès les années 60, porte en elle une esthétique faite d’accélérations, d’individualisation, de parcellisation ou granularisation. Plus concrètement, afin d’engager un changement dans les pratiques professionnelles avec l’arrivée des ordinateurs, logiciels et réseaux dans l’entreprise, dès les années 70, la question de l’adaptabilité des travailleurs du tertiaire à ces nouveaux outils de production révèle une politique d’accompagnement à l’usage quasi inexistante dans la plupart des entreprises et, en particulier, du tertiaire.

Pratiquée dans l’urgence, cette période de reconversion reste chaotique comme le raconte plutôt tristement l’un des premiers ouvrages publiés à ce sujet[1], une étude sociologique d’Erhard Friedberg, tirée d’une expérience d’usine chez Renault qui avait été parmi les premières industries à s’automatiser et s’informatiser en masse. Car avec l’ordinateur de bureau, soit les compétences sont nouvelles, soit l’adaptation est itérative. Dans ces deux perspectives, on décide que l’appropriation de la technologie en milieu de travail reposerait essentiellement sur la répétition d’une pratique quotidienne, des objectifs d’usages parcellisant la connaissance et le développement des compétences et capacités d’usages (on forme les salariés sur une base pratique précise, évacuant la connaissance globale des fonctions logiciels d’un système applicatif en parcellisant la formation en fonction d’usages principaux récurrents, sur des bases prescriptives uniquement).