Dans une PME de l’Est de la France, un repreneur s’est débarrassé de la quasi-totalité de l’encadrement et de la maîtrise, a mis en place une organisation du travail qui donne une grande autonomie et polyvalence au personnel productif et administratif, et a pratiquement doublé la productivité. L’amélioration du bienêtre du personnel ne peut être chiffrée avec autant de précision, mais elle semble indéniable et même spectaculaire.

Dans cet exemple, la personnalité du nouveau patron de l’entreprise joue un grand rôle et la démocratie de proximité qui y est pratiquée ne peut être considérée comme remplissant tous les critères d’une véritable démocratie d’entreprise. Mais cet exemple pose la question avec acuité : comment penser la place de l’encadrement dans l’entreprise démocratique de demain ?

Le travail, depuis la nuit des temps, est conçu et vécu selon des principes hiérarchiques très inégalitaires, la tête et les bras, la conception et l’exécution n’appartenant pas aux mêmes personnes. Dans une organisation hiérarchique, la place de l’encadrement est claire : elle consiste à participer à la conception et à superviser l’exécution. Animateur ou petit (ou grand) chef, le cadre relaie les directives venant du sommet et veille à leur bonne réalisation. Même si elle reste très ancrée dans la culture de beaucoup d’entreprises, et particulièrement dans la Weltanschauung (la « vision du monde ») des dirigeants patronaux français, cette vision hiérarchique, pyramidale de l’entreprise est soumise à forte pression et est vraisemblablement vouée à disparaître progressivement d’ici une ou deux générations.

La vision pyramidale de l’entreprise est vouée à la disparition

Les facteurs qui poussent à l’évolution sont nombreux.

Premier facteur : la complexité des processus p