Qui imaginerait que des mots « bien français » tels que calepin, réussir, sirop, camarade, pintade, robot, homard, chocolat ou boulevard sont des emprunts à des langues aussi variées que l'italien, l'arabe, l'espagnol, le portugais, le tchèque, le scandinave, le nahuatl et le néerlandais, sans compter les mots sanscrits, slaves, celtiques, ou anglo-saxons....

On suit chacun de ces apports au cours des âges, chronologiquement, des rares mots pré-gaulois aux emprunts anglo-saxons modernes, sans pouvoir abandonner ce livre qui nous fait suivre la piste de la construction de notre langue comme un roman d'aventure.

Ajoutons que ce livre est émaillé d'encadrés qui fourmillent d'anecdotes, de devinettes qui aèrent encore la lecture, entretiennent l'intérêt et intègrent l'humour au travail solide d'une spécialiste, professeur et chercheur en linguistique et phonologie.

Ce livre a surtout l'intérêt essentiel de montrer que si notre langue est essentiellement d'origine latine, les apports extérieurs en ont fait un véritable patchwork, où les différentes origines se sont peu à peu fondues pour devenir la langue que nous pratiquons. On y trouve donc la confirmation et les démonstrations que notre langue n'est pas une, mais qu'elle possède les multiples couleurs des différents continents et que ces emprunts, loin de se réduire à l'anglais comme aujourd'hui nous pousserait à le croire (1000 mots seulement sur nos 35 000 mots courants), nous ont fait bénéficier d'enrichissements multiples.

En ces temps où les nationalismes essaient de retrouver un avenir et où l'extrémisme cherche à inventer une pureté supposée, ce livre vient heureusement nous rappeler que l'histoire n'a cessé de mêler les populations et les langues. Et que c'est comme ça que se constitue la richesse humaine.