Lectures & critiques

« Les experts ont tendance à se partager en deux camps, d’une part ceux qui pensent que la production de pétrole conventionnel culminera probablement d’ici 28 ou 30 ans, et d’autre part ceux qui estiment qu’elle risque d’atteindre son plafond beaucoup plus tôt, d’ici 8 à 10 ans… Les estimations optimistes et pessimistes ne diffèrent que de 10 ou tout au plus 30 ans. »

A partir de constatations chiffrées qui paraissent assez consensuelles et incontestables, Jeremy Rifkin échafaude tout un scénario idyllique où l’énergie serait fournie par l’hydrogène et serait décentralisée au plus près de consommateurs pouvant jouer aussi le rôle de producteurs, reliés entre eux, pour faciliter les échanges, dans un réseau comparable à Internet et baptisé Hydronet.

Tout semble facile à Jeremy Rifkin, mais il oublie que si l’hydrogène est abondant dans la nature, notamment dans l’eau, il faut pouvoir l’en extraire et il faut pour cela de l’énergie et les énergies renouvelables sur lesquelles il compte risquent de se révéler insuffisantes. Bien d’autres problèmes se posent d’ailleurs qu’il omet d’envisager.

Les solutions avancées pour résoudre nos problèmes énergétiques peuvent ainsi sembler utopiques, mais ce livre n’en met pas moins en lumière les difficultés qui attendent nos sociétés à assez brève échéance. « L’ordre économique mondial fondé sur l’industrie repose presque exclusivement sur les combustibles fossiles… lorsque ces ressources se feront plus rares et plus difficiles à exploiter il est probable que notre système économique et social sera ébranlé par une série de dysfonctionnements majeurs qui n’épargneront aucune de ses composantes. »

Or, compte tenu de l’accroissement des besoins et du plafonnement des réserves, un déficit de 10 millions de barils par jour est fort probable. Sachant aussi que les 2/3 des réserves de pétrole conventionnel se trouvent dans les pays du Moyen-Orient, on imagine les difficultés auxquelles seront confrontés les pays consommateurs. Ils pourraient être tentés d’exploiter les schistes bitumineux, beaucoup plus polluants et plus onéreux. Cette solution, comme une utilisation plus intense du charbon, n’est pas envisageable, compte tenu des problèmes d’environnement qui menacent la planète.

Et si on commençait par faire des économies d’énergie ? De cela le livre ne dit mot.