Lucie Tanguy présente dans ce livre les résultats d’une recherche consacrée à une institution particulière, les instituts supérieurs du travail, associant des universitaires et des syndicalistes de la CFDT, de la CGT et de la CGT-FO. Développer une formation scientifique et supérieure à l’Université pour des militants et responsables syndicaux, une « éducation ouvrière » comme aimait le rappeler Marcel David, initiateur de ce projet dès 1955 à Strasbourg puis à Sceaux en 1961.

Soutenu rapidement et financièrement par le ministère du Travail, les onze instituts supérieurs (deux nationaux, Sceaux et Strasbourg, et neuf régionaux) permettent un développement de la formation syndicale en faisant interagir universitaires et syndicalistes.

L’ensemble de ce système institutionnel, souvent dit en crise ou inadapté, connaît aujourd’hui une évolution qui peut sembler difficile, les attentes des organisations syndicales étant différentes, sans parler de celles des universitaires. Comme le dit pudiquement Lucie Tanguy, « cette institution se montre ainsi prisonnière des compromis inscrits dans ses origines ».

Nés dans le cadre du mouvement pour la formation permanente, les IST doivent désormais s’inscrire dans une dynamique plus large de formation tout au long de la vie, prendre en compte une élévation du niveau de connaissances et de qualification des militants et responsables syndicaux, mais aussi participer à une « reconnaissance professionnelle » des acquis et compétences syndicales, valorisable dans un parcours professionnel.